L’univers des arts de la table regorge de subtilités, de matières nobles et de traditions séculaires. Parmi les trésors façonnés par le feu et la main de l’homme, la porcelaine dont Raynaud porte haut et fier le drapeau français et la faïence de Lunéville se distinguent par leur raffinement respectif, leur histoire et leur usage.
Bien qu’elles appartiennent à la grande famille de la céramique, ces deux matières possèdent des identités propres, forgées au fil des siècles par les plus grandes manufactures d’art.
Les origines de deux traditions
La faïence, apparue en Orient dès le IXe siècle, doit son nom à la ville italienne de Faenza, réputée pour ses poteries émaillées dès la Renaissance. Elle a conquis l’Europe grâce à ses teintes vives, ses motifs populaires et son prix abordable. Elle orne aujourd’hui encore les intérieurs de charme, les tables rustiques et les collections patrimoniales.
La porcelaine, quant à elle, naît sous le règne de la dynastie Tang, en Chine, vers le VIIe siècle. Trésor convoité des empereurs et des cours européennes, elle pénètre en Occident au XVIIIe siècle grâce à l’alchimie savante du kaolin, du quartz et du feldspath.
À Limoges ou Sèvres, les manufactures s’emparent de ce matériau noble pour en faire un symbole de prestige et de finesse. On y retrouve notamment Bernardaud, Haviland, JL Coquet, Royal Limoges et Raynaud.
Céramique, porcelaine, faïence : un art du feu pluriel
Le terme céramique, issu du grec keramos signifiant argile, désigne l’ensemble des objets façonnés en terre cuite. Selon la composition de la pâte, la température de cuisson et le type d’émaillage, naîtront différentes catégories : terres cuites, grès, faïences, porcelaines.
La distinction majeure entre porcelaine et faïence repose sur la densité, la blancheur, la porosité et la résistance.
La faïence est une céramique à pâte poreuse, souvent blanche ou ivoire, recouverte d’un émail opaque.
Les assiettes en porcelaine, elles, sont une céramique vitrifiée à pâte compacte et imperméable, qui se distingue par sa translucidité et son éclat.
La faïence : charme populaire et décoratif
Fabriquée à partir d’argile fine, la faïence est cuite à basse température (environ 1 000 °C). Sa pâte poreuse est recouverte d’une glaçure — souvent stannifère — qui lui confère cet aspect laiteux si reconnaissable. Elle se divise en deux grandes familles :
- La faïence stannifère, recouverte d’un émail blanc et opaque, sur lequel se posent des décors peints à la main.
- La faïence fine, émaillée d’une glaçure plombifère transparente, à la pâte plus claire et plus lisse.
La faïence séduit par sa chaleur, ses formes généreuses et sa tradition décorative. Elle s’épanouit dans des créations colorées, naïves ou florales, et s’adapte volontiers à un art de vivre convivial. Elle est cependant plus fragile, plus poreuse et sensible aux chocs.
La porcelaine : éclat, finesse et longévité
À l’inverse, la porcelaine incarne l’excellence technique et esthétique. On distingue la porcelaine tendre, composée d’argile blanche, plus fragile et douce au toucher, et la porcelaine dure, issue du kaolin, plus dense, plus résistante et plus brillante.
La cuisson de la porcelaine se fait en deux ou trois temps, à très haute température (jusqu’à 1 400 °C), ce qui confère à la pièce sa translucidité, son imperméabilité et sa dureté.
Ce processus, hérité des savoir-faire ancestraux, est aujourd’hui maîtrisé par des manufactures prestigieuses comme Raynaud à Limoges, dont les collections symbolisent l’union du luxe, de l’élégance et de la tradition française.
Chaque pièce de porcelaine reflète un geste précis, un art subtil du décor, qu’il soit posé sous émail ou peint à la main, puis fixé au feu. Son toucher soyeux, sa sonorité cristalline et sa blancheur incomparable en font un incontournable des grandes tables et des objets d’apparat.
Des usages et des prix différenciés

Si la porcelaine et la faïence partagent un socle commun de noblesse artisanale, elles répondent à des attentes différentes. La porcelaine, plus coûteuse à produire, est privilégiée pour les services de prestige, la vaisselle de réception ou les pièces décoratives haut de gamme. Sa résistance aux chocs thermiques et à l’usure en fait une alliée de choix pour un usage quotidien raffiné.
La faïence, plus accessible, offre une expression artistique libre et chaleureuse. Elle habille les intérieurs de caractère, inspire les tables familiales, et révèle une âme authentique, parfois empreinte de folklore ou d’art populaire.
Un savoir-faire toujours vivant
Aujourd’hui encore, les artisans perpétuent ces gestes séculaires, avec une précision et une passion inchangées.
Que ce soit à la Manufacture des Émaux de Longwy, héritière d’un savoir-faire vieux de plus de deux siècles, ou dans les ateliers de Limoges, chaque pièce raconte une histoire. L’art du feu continue de fasciner, d’inspirer, de sublimer les matières naturelles pour créer des œuvres intemporelles.
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